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Mali : Le féticheur Daouda Yattara qui avait dit non à Dieu, est resté fidèle à lui-même jusqu’à sa mort
Sep 5, 2024
Issu d’une famille modeste installée dans le Bélédougou au Mali, Daouda Yattara, originaire de la région de Gao, est une figure complexe de Bamako, connue sous le nom de « Satan » ou « Sitane ».
Le maitre du Boli en pays Bamanan et féticheur de renom a grandi avec un sentiment de révolte face à l’injustice et l’oppression, qu’il attribue aux riches musulmans dominants. Ce ressentiment a façonné sa trajectoire, le poussant à s’opposer radicalement aux institutions religieuses traditionnelles et à la structure sociale en place.
La montée en puissance de « Satan »
Le parcours de Yattara est marqué par son appropriation de la figure de Satan, un choix symbolique qui défie ouvertement les normes religieuses. Son surnom, affiché fièrement sur son véhicule, et son siège situé à la lisière sud de Bamako, sont devenus des lieux de pèlerinage pour des centaines de personnes.
Musulmans, chrétiens, et animistes se rendent à « Sitanébougou » pour solliciter ses services. Là, Yattara rend la justice, punit les voleurs et anime des rituels avec les chasseurs, dont les chants glorifient à la fois les « boli » (puissances occultes) et Satan.
La popularité de Yattara s’est nourrie de la politique de patrimonialisation de la tradition bamanan par l’État malien, qui a organisé des festivals et érigé des monuments en l’honneur des chasseurs. Cependant, dans les quartiers périphériques de Bamako, cette valorisation de la tradition a pris une tournure explicitement politique. Des « meetings » de chasseurs y sont organisés, avec des discours virulents dénonçant l’oppression musulmane et prônant un retour à une société préislamique, plus égalitaire.
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