DÉCRYPTAGE - Maître de conférences en géographie à l’université de Pau, Bruno Charlier explique comment l’astrotourisme introduit un nouveau rapport au paysage.

Bruno CHARLIER. - La relation que nous avons au ciel étoilé a longtemps été plutôt scientifique : l’astrotourisme portait sur la visite d’observatoires ou de lieux historiques liés à l’astronomie. Puis il s’est diversifié pour évoluer vers un tourisme de nature. C’est un phénomène relativement récent que l’on peut dater en France autour des années 2000, avec une accélération depuis 2010 : le Pic du Midi a été la première Réserve internationale de ciel étoilé de France en 2013, alors qu’on en compte six aujourd’hui, du Mercantour aux Millevaches.

Une pureté nocturne exceptionnelle peut être une vraie richesse touristique, mais ne suffit pas en soi : il faut que les territoires activent cet atout en créant des lieux, des activités, des hébergements, des médiations… En France, il est intéressant d’observer que les parcs naturels sont souvent les chefs de file de ce développement. On retrouve cette dynamique aux États-Unis où l’astrotourisme, bien développé, est historiquement porté par les grands parcs nationaux. Un slogan adopté en 2010 par les parcs américains le résume bien : « Half the park is after dark », « la moitié du parc se révèle la nuit ». Une manière de dire que ce qu’il y a au-dessus de nos têtes est aussi intéressant à découvrir que ce qu’il y a face à nous.